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Comment mieux gérer nos émotions ?

Photo du rédacteur: Cécile CharbonnelCécile Charbonnel

Dernière mise à jour : 15 janv. 2021

Entretien avec le neuroscientifique Richard Davidson

Chercheur en neuroscience, enseignant à l’Université du Wisconsin, Richard Davidson est également le fondateur du Center for Healthy Minds.

Connu pour ses recherches sur les effets de la méditation sur le cerveau, réalisées entre autres avec Matthieu Ricard, il étudie actuellement les conditions neuro-cérébrales du bonheur.


Dans cet entretien accordé au Huffington Post, il nous donne des éléments de réponse sur la gestion des émotions issus de ses travaux de recherche.


« Mieux comprendre le rôle que jouent les émotions dans nos vies motive mes recherches depuis plus de 30 ans :

Pourquoi certaines personnes semblent plus résilientes que d’autres face aux aléas de la vie ? Qu’est-ce qui leur permet de mieux faire face à l’adversité ?

Pour répondre à cette question, nous avons observé les manifestations cérébrales de ces émotions grâce aux IRM fonctionnelles.

Nous avons pu démontrer que non seulement les gens ont des styles et des prédispositions émotionnelles, mais qu’il y a également des techniques prometteuses permettant d’améliorer l’équilibre émotionnel et le bien-être.


Grâce à la neuro-plasticité, peut-être la plus importante des découvertes de ces dernières décennies en neuroscience, nous savons que la structure et le fonctionnement du cerveau peuvent changer au cours de la vie, même à l’âge adulte. Cela signifie que vous pouvez entraîner votre esprit à mieux gérer l'émotion émergente, quand, et pour combien de temps.

Alors comment faire régresser l’importance d’émotions comme la colère ou la tristesse au profit de la joie, afin d’améliorer le bien-être ?

Cultiver la joie

Les émotions de joie et de bonheur sont de mieux en mieux comprises sur le plan neuroscientifique. Une de ces découvertes est en lien avec ce que nous appelons -«savourer» - la capacité d’apprécier, de savourer pleinement une expérience positive au point qu’elle imprègne nos activités et donne une tonalité positive à nos interactions.


Nous avons découvert que bien que les personnes dépressives montrent une activation normale du circuit cérébral associé à la joie, celle-ci est transitoire et ne dure pas.

En revanche, les personnes qui ont la capacité de maintenir ces zones actives plus longtemps montrent des niveaux plus élevés de bien-être, ainsi que des taux plus faibles de cortisol, l’hormone du stress.


Une manière de cultiver la joie et d’activer ces régions cérébrales implique une réflexion sur ce que j’appelle “la bonté fondamentale innée“ – la tendance humaine naturelle à désirer le bonheur et à être libre de la souffrance. Tous les êtres humains partagent cette qualité de base, qui est présente au premier plan dans toutes nos interactions.


Gérer nos émotions difficiles

Les fondements neuroscientifiques de la peur, de la colère et du dégoût ont deux principaux points communs : l’amygdale, et son rôle dans la récupération.

L’amygdale est la structure cérébrale qui active notre mécanisme « fuite / combat ». Elle signale à l’ensemble du corps que quelque chose ne va pas ou est menaçant, que ce soit une voiture qui dévie dangereusement vers le trottoir (peur), ou juste l’idée d’une pizza au brocoli (dégoût) pour un ado.


Il est normal et sain d’avoir une réponse appropriée au contexte – une émotion adaptée à une situation particulière – mais il n'est pas souhaitable que cette émotion dure plus que nécessaire.

Nous savons que la méditation de pleine conscience peut être utile pour réguler ces émotions. Cet entraînement permet d’avoir moins d’anticipation anxieuse de la douleur, et une récupération plus rapide à la suite de certains événements négatifs.


La colère cependant, peut entraîner de plus grand risque si elle n’est pas gérée. Les recherches suggèrent que la colère est toxique sur le plan biologique et peut avoir des effets négatifs sur le système cardiovasculaire, en augmentant le risque d’infarctus.

Bien souvent, la colère émerge lorsque nos objectifs sont contrariés. Le challenge ici est d’exploiter l’énergie associée à la colère pour trouver un moyen de contourner l’obstacle plutôt que s’acharner à s’y confronter.

« Nous savons que le cerveau peut se modifier dans sa structure et sa fonction tout au long de la vie, même à l’âge adulte. Cela signifie que vous pouvez entraîner votre esprit à mieux gérer les émotions qui émergent, dans leur qualité et leur durée »

Richard Davidson


La tristesse


Contrairement à la colère, une tristesse appropriée au contexte n’est pas toxique, cependant, dans des circonstances où la tristesse prend le dessus de manière inadaptée, elle peut mener certaines personnes à la dépression.


Pour gérer la tristesse, il y a une approche qui peut sembler étrange au premier abord – la générosité. Nous sommes souvent affligés par les circonstances tragiques, les épreuves que doivent traverser les autres, et pouvoir aider à soulager cette souffrance contribue non seulement au bien-être de ces personnes, mais également au nôtre.

La générosité est un antidote très direct – neuroscientifiquement parlant – à la tristesse, qui active les circuits cérébraux associés à la joie.


Au cours de notre journée, lorsque nous rencontrons des personnes qui semblent vivre des choses difficiles, nous pouvons faire une pratique intérieure simple en regardant chacune de ces personnes, et en réfléchissant au fait que, juste comme nous, elles partagent le même souhait fondamental d’être libre de la souffrance. Pendant ces moments, nous pouvons dire une simple phrase comme, “Que vous puissiez être libre de la souffrance et des causes de la souffrance.“

En plus de cet entraînement mental, des découvertes récentes indiquent que l’activité physique peut prévenir la dépression. L’exercice physique est un des meilleurs moyens d’augmenter la plasticité cérébrale, et si il est soutenu par un apport psychologique positif avec les exercices mentaux mentionnés ci-dessus, la combinaison peut être particulièrement efficace.»

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