Qu’est-ce que l’“autosoin“ ?
"Prendre soin de soi pour prendre soin des autres“, cette expression peut sembler banale et évidente, mais elle est cependant récente dans la culture soignante occidentale et recouvre un concept assez flou.
Ce concept d’autosoin ou selfcare en Anglais est apparu dans la culture infirmière dans les années 90. Il s’agit des activités que nous entreprenons au quotidien pour prendre soin de nous-même, de notre santé physique, mentale et émotionnelle.
C'est en revanche une tradition bien plus anciennes dans les cultures orientales où l’approche de la santé est beaucoup plus préventive que réactive.
Notre santé est en effet un capital dans lequel nous pouvons investir simplement avec une alimentation saine, la pratique régulière d’une activité physique et un sommeil suffisant. Mais elle implique également une prise en compte… une prise en soin pourrait-on dire, de notre mental et de nos émotions, par exemple en prenant du temps pour les activités qui nous nourrissent, ou en apprenant comment avoir un meilleur équilibre émotionnel.
Ce qui parait évident a priori ne l’est pas tant que ça quand on réfléchit à notre hygiène de vie, aux niveaux de stress auxquels nous sommes exposés, ou à l’attitude intérieure que nous pouvons avoir envers nous-même qui est souvent plus proche du juge critique et accusateur que de la bienveillance.
Pourquoi prendre soin de soi est si important ?
Comme le dit la sagesse populaire : “Charité bien ordonnée commence par soi-même“, et il parait assez évident que pour pouvoir s’occuper d’autres personnes vulnérables, il faut soi-même être en solide santé physique, psychique et émotionnelle.
Et puis tout simplement parce que ne pas prendre en compte nos propres besoins mène droit au burn out. Nous drainons progressivement nos réserves d’énergie, perdons notre capacité à gérer le stress, et comme nous devons continuer à faire face aux demandes de nos vies personnelles et professionnelles, le risque d’épuisement augmente.
Mais en quoi consiste vraiment cette notion d’autosoin ?
Prendre soin de soi ne signifie pas seulement satisfaire nos besoins de base et pratiquer des activités relaxantes.
L’essentiel réside dans deux aspects que nous négligeons trop souvent de prendre en compte : d’une part dans une meilleure connaissance de soi, et d’autre part dans un dialogue intérieur positif.
Avant tout, nous devons comprendre quels sont nos véritables besoins. Ce qui nourrit notre énergie diffère d’une personne à l’autre en fonction de nos goûts et de nos préférences, il est donc nécessaire de mener une réflexion personnelle afin de définir les différentes activités qui nous font du bien.
Le deuxième élément important concerne la manière dont nous nous parlons à nous-mêmes car notre dialogue intérieur est une composante essentielle du prendre soin de soi. Il n’y a en effet rien de plus drainant en termes d’énergie que cette voix intérieure qui nous critique et nous juge.
Pour mieux prendre soin de nous, nous devons évoluer pour utiliser une voix et un ton plus gentil et bienveillant envers nous-mêmes. La conscience de soi et l’auto-compassion sont des clés essentielles à cette attention à soi.
Comment prendre soin de soi ?
Il peut être intéressant de faire un auto-bilan de la manière dont nous nous occupons de nous sur les plans physique, psychologique, social, professionnel et spirituel… et oui, nous aussi avons droit à une prise en charge holistique :-)
Ce que nous faisons au quotidien affecte notre bien-être sur le long terme. Mais alors que nous faisons tous des choses que nous “devons“ faire comme aller au travail, s’occuper des enfants, faire les courses… on peut facilement négliger de consacrer du temps aux activités qui nous animent et nous épanouissent.
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L’objectif de cet outil est de vous aider à visualiser les différents domaines dans lesquels nous devons prendre soin de nous, et, pour chacun d’eux, des exemples d’actions vous permettant d’estimer les domaines où vous prenez suffisamment soin de vous et ceux où il convient de porter votre attention.
Ce chek-up permet de vérifier votre score dans chaque domaine pour définir où mettre vos priorités.
Devenir son meilleur ami
L’auto-compassion est un élément crucial du soin que l’on porte à soi-même. Cette notion peut paraître triviale ou new-age, mais elle est pourtant au centre de nombreuses recherches neuroscientifiques actuelles qui explorent cette attitude de bienveillance que l’on se porte à soi-même, et ses effets sur notre équilibre et notre bien-être.
Être soignant, c’est reconnaître la souffrance d’autrui et vouloir agir pour l’alléger, ce qui est la définition exacte de la compassion : comprendre la difficulté d’une situation, apporter de l’attention et du réconfort. Or il est rare que nous ayons spontanément cette attitude envers nous-même lorsque nous sommes dans une situation difficile, que nous souffrons face à une perte, une erreur commise, une limite ou un échec.
Nous sommes généralement plus enclins à nous traiter durement, à nous juger, nous critiquer, ou tout simplement ignorer nos difficultés.
Différentes études menées ces dernières années en Angleterre[1], au Portugal[2], ou en Espagne[3], montrent que cette attitude n’est pas spontanée chez les infirmiers, mais qu’elle peut être cultivée et qu’elle permet alors non seulement de mieux répondre aux besoins des patients, mais également d’améliorer la qualité de vie au travail, d’avoir une meilleure gestion émotionnelle et de prévenir le burn out.
Aux États-Unis, le Dr Kristin Neff, psychologue, a mené de nombreuses recherches sur l’auto-compassion, et propose toute une série d’exercices sur son site web.
Un des outils proposés est particulièrement révélateur : il pose la question “Comment traiteriez-vous un ami en difficulté ?“ "Que lui diriez-vous ?" "Quel serait le ton de votre voix ?"
Vous êtes ensuite invité à réfléchir à la manière dont vous vous parlez à vous-même lorsque vous êtes en difficulté… Remarquez-vous une différence entre la manière dont vous vous parlez et celle que vous utilisez avec une personne qui vous est proche ? Si tel est le cas pourquoi ?
L’objectif étant de nous porter la même attention et la même bienveillance que celle que nous porterions à un ami proche en difficulté.
Dans l’exercice “Changer votre critique intérieure“, Neff propose de noter lorsque nous utilisons cette voix critique envers nous-même, de remarquer ce qu’elle dit, les mots et le ton qu’elle utilise, et si, éventuellement, elle nous rappelle quelqu’un. L’invitation est de modifier cette voix, de l’adoucir en reformulant les observations d’une manière plus amicale et positive. Et d’y associer, pourquoi pas, un geste de contact réconfortant envers nous-même, dont il a été prouvé qu’il induit une production d’ocytocine.
À Retenir
L’art de prendre soin de soi commence par nos besoins essentiels : manger et dormir correctement, avoir une activité physique régulière, mais également être présent à soi et surveiller son discours intérieur.
De plus, l’auto-soin nécessite de se connaître suffisamment pour savoir ce qui nous fait du bien, ce qui nous nourrit, mais aussi ce qui nous prend beaucoup d’énergie afin de pouvoir équilibrer les deux et restaurer notre potentiel.
Enfin, cela nécessite également de prendre conscience de notre petite voix intérieure pour sortir de l'autocritique, et gagner en confiance et en estime de soi.
Références :
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